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dimanche 29 janvier 2012

81-LES PIONNIERS DE LA PHOTOGRAPHIE ANGLAISE




A l'heure du tout numérique et de la retouche et de la création d'images à l'aide de logiciels informatiques (dès les années 1980), on a enfin tendance à considérer que l'image photographique n'est pas le reflet de la réalité mais le fruit de l'intention de son auteur et le résultat d'une technique. L'image serait donc fausse... 


En réaction, on regarde les photos du passé, et notamment celles du XIX° siècle, comme des témoignages réalistes d'un autre temps, alors que la photographie est "fausse" par définition dès son invention (vers 1825). 
Le choix du sujet, l'intention ou le message du photographe, le choix d'une technique et d'un appareil particuliers, le cadrage, le choix du point de vue et de la lumière, la maîtrise de la réaction chimique produisant l'image, le choix du support... Tout est manipulé. Ces arguments ne sont pas assez convaincants ? Alors, en voici d'autres, images à l'appui. 

Dès le milieu du XIX° siècle, les premiers photographes souhaitent la reconnaissance de leur pratique en tant qu'art et non plus en tant que science (trace d'un mécanisme d'enregistrement objectif du réel). Ils rivalisent avec la peinture dont ils adoptent les thèmes, les sujets allégoriques, les influences littéraires, les cadrages, les compositions, le traitement de la lumière, les postures et les effets de flou, la netteté apparaissant parfois triviale. Certains photographes ont d'ailleurs une formation de beaux-arts et nombre d'entre eux mènent parallèlement les deux pratiques, et les styles et tendances des mouvements picturaux se retrouvent en photographie. Les photographes adoptent la mise en scène des personnages (sujets, postures et accessoires), la réalisation de décors (ce n'est pas le reflet de la réalité mais une image constituée), et les effets comme en peinture et au théâtre ; ainsi les effets de flou sont-ils parfois dûs à des fumées employées lors des représentations théâtrales. 
Enfin, et surtout, les photographes ont recours à l'utilisation conjointe de plusieurs négatifs et au jeu de la surimpression pour créer une image photographique (voir les images ci-dessous). 

Tous les trucages sont mis au service de la création artistique. D'ailleurs, le charme et la force de ces photographies reste actuel et l'on se laisse séduire par la "vérité" des êtres et celle du monde recréé.


REJLANDER

REJLANDER Oscar Gustave (anglais d'origine suédoise, 1813-1875), Nuit dans la ville ou Une nuit dehors, vers 1860,
 papier albuminé, 20,2x14,9 cm, Rochester, George Eastman House.


REJLANDER Oscar Gustave (anglais d'origine suédoise, 1813-1875), Temps difficiles, 1860,
 épreuve à l'albumine argentique, 13,9x19,9 cm, Rochester, George Eastman House.


REJLANDER Oscar Gustave (anglais d'origine suédoise, 1813-1875), L'Honorable Sir Wentworth, vers 1860,
 épreuve à l'albumine, 16x13 cm, Rochester, George Eastman House.



ROBINSON

ROBINSON Henry Peach (1830-1901), Fading away (Le Dernier souffle), 1858,
 épreuve à l'albumine (combinaison de cinq négatifs), 24,4x39,3 cm.


ROBINSON Henry Peach (1830-1901), La Dame de Shalott, 1860-1861,
 épreuve à l'albumine (combinaison de deux ou trois négatifs), 30,4x50,8 cm,
 Austin, University of Texas, Harry Ransom Center, Helmut Gernsheim Collection.


ROBINSON Henry Peach (1830-1901), Après la journée de travail, 1877,
 épreuve à l'albumine (combinaison de six négatifs), 56x74,5 cm, Los Angeles, Jean-Paul Getty Museum.



CAMERON

CAMERON Julia Margaret (1815-1879), La Tristesse ou Ellen Terry à l'âge de 16 ans, 1864,
impression carbone, 24,2x24 cm, Los Angeles, Jean-Paul Getty Museum.


CAMERON Julia Margaret (1815-1879), Le murmure de la Muse ou Portrait de G.F. Watts, 1865,
 tirage argentique sur papier albuminé, Los Angeles, Jean-Paul Getty Museum.


CAMERON Julia Margaret (1815-1879), Portrait de Julia Jackson (sa nièce), 1867,
 tirage argentique sur papier albuminé d'après un négatif au collodion humide, 27,6x22 cm.