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lundi 5 novembre 2012

136-TADASHI KAWAMATA




Artiste japonais, né en 1953, sur l’île d’Hokkaido. Il vit actuellement à Paris et enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts.

VOIR LE SITE DE L’ARTISTE :


Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Tokyo, il est choisi, à l’âge de 29 ans, pour exposer dans le Pavillon japonais de la Biennale de Venise (1982). Il travaille ensuite, au Japon, sur des interventions dans des lieux d'habitation. En 1984, il obtient une bourse d'étude pour une année à New-York. A partir de 1985, il enchaîne les grandes expositions (notamment la Documenta de Kassel de 1987) et les projets internationaux et intervient beaucoup en Europe (dès 1993). Après avoir  travaillé et enseigné au Japon, il s'installe, travaille (dès 2004) puis enseigne (dès 2005) en France (Paris). En 2010, il réalise une intervention au Centre Georges Pompidou. Ses créations les plus célèbres sont rassemblées au musée d’art contemporain de Tokyo où une grande rétrospective lui est consacrée en 2007-2008.


Photo de l'artiste Tadashi Kawamata (2013) .


A ses débuts, il travaille essentiellement la peinture puis les constituants du tableau en 3D, et ne conserve bientôt que l’armature en  bois (châssis). Le bois devient alors l’une des caractéristiques de son travail. A la fin des années 1970, Tadashi Kawamata commence à créer des installations in situ.


KAWAMATA Tadashi (né en 1953), By Land, 1979, Tama Riverside, Tachikawa (Japon),
intervention in situ (dénoncée aux autorités et démontée 3 jours après), matériaux de récupération,
"Cette bande de terrain m'intéressait à cause de sa non-définition. No man's land perdu, elle se situait entre des espaces utiles : elle pouvait être immergée par l'eau ou être à sec. Elle était à l'écart de toute habitation, mais elle pouvait être vue des trains par les voyageurs. Pendant une seconde, elle était donc doublement marginale, par rapport à l'espace et au temps". J'ai réalisé ce projet sans permission. J'ai été attiré par le lieu. J'ai réalisé rétrospectivement que cette installation annonçait mon travail postérieur".


 By Land est à cette époque une tentative isolée. Il intervient surtout dans des espaces intérieurs privés, galeries (Measure Scenesou appartements japonais (Apartment Projects) dont il découpe l'espace en unités minimales ou en passages.

"Measure Scene : le titre fait référence à la mesure de l'espace. Je les ai faites dans des galeries. J'ai réalisé une structure en bois qui remplissait l'espace. Je souhaitais que les gens puissent sentir l'espace, comprendre comment il fonctionne, imaginer comment l'utiliser. Apartment Project : hors des circuits des musées et des galeries, je voulais mettre en oeuvre mes idées, faire ce que j'aimais. J'ai loué des appartements pour mener mes propres projets. C'était très petit mais c'est là que je voulais travailler".



KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Takara House Room 205, Tokyo, 1982.
L'artiste  aménage et partage l'espace intérieur de cet appartement vide de 10 m2 (entre deux locations) avec des panneaux de bois en claire-voie et également des planches au plafond. Vingt personnes choisies sont invitées à s'y rendre en train en suivant un plan.


Rapidement cependant, il déborde sur les espaces extérieurs  et commence à envelopper des façades de bâtiments au moyen de planches de bois de récupération qui,par le graphisme des lattes assemblées évoquent un jeu de mikado géant et affichent un caractère de fragilité.

Pour la Biennale de Venise de 1982, il déborde du Pavillon japonais par les portes et les fenêtres et il investit les jardins avec une palissade de bois. Par la suite, il intervient dans des lieux divers  et ses constructions investissent, enrobent et se greffent à des architectures existantes (monuments privés, publics, historiques, religieux ou leur ruine, ponts) ou bien occupent des lieux urbains abandonnés (interstices, passages). Son oeuvre propose une réflexion sur l'environnement social et sur les relations humaines qui le définissent. 

Ses domaines d'intervention sont donc tout à la fois ceux de la sculpture, de l'architecture, de l'espace urbain et du paysage. Il joue de l'accumulation et de la fragmentation, de la partition et de l'extension des espaces.



KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Pavillon japonais, "Biennale de Venise", 1982.
L'artiste encercle le pavillon d'une palissade de bois et relie la structure et la nature environnante grâce à des planches qui semblent s'échapper. La construction qui s'enroule en nid autour du bâtiment provoque une sensation cinétique.


KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Apartment Project, Tetra House N-3 W-26, 1983 (août-septembre), Sapporo (Japon).
L'architecture de cette maison (louée pendant un mois) se transforme en mikado géant : envahie par des échafaudages irrationnels, elle semble reposer sur des pilotis. Son intérieur est envahi par des planches dynamiques enchevêtrées qui créent de plus des plafonds factices.


Avec le matériau qu’est le bois (éléments mal dégrossis, bois de charpente, poutres, planches), les objets également en bois (cagettes usagées, chaises, barques…) et des matériaux pauvres (cartons, journaux) récupérés sur les chantiers de démolition (tôles…) ou le site même, il réalise des architectures le plus souvent éphémères  (échafaudages, passerelles, tours, cabanes…) et spectaculaires. Ses constructions souples et légères sont bâties sur des jeux d'asymétrie, de glissements d'axes et de mouvements. "Je ne tiens pas à tout changer sur un lieu. J'utilise la structure originelle tout en transformant la façon dont elle fonctionne. Mon travail est plus de l'ordre de l'arrangement".

Ses constructions et déconstructions convergent dans un même acte, celui de la mutation incessante et de la propagation des structures, comme des réseaux arborescents, des végétaux, des éléments organiques, des métastases migratoires, des parasites qui s'insèrent dans des interstices, des intervalles, des entre-deux, des no man's land, spatiaux, sociaux et temporels. Ses interventions créent des ponts entre le dehors et le dedans, la construction et la déconstruction mais également entre le passé et le présent.


Le travail de l'artiste, bien qu'il s'en défende, est marqué par l'architecture traditionnelle du Japon, notamment par le matériau qu'est le bois mais également par le concept du Ma, fondé sur l'intervalle entre deux choses, avec l'idée de pause, le Ma séparant, tout en reliant.




KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Destroyed Church, 1987 (mars-septembre), "Documenta 8", Kassel (Allemagne).
L'artiste investit une église laissée en ruines depuis la Seconde Guerre Mondiale et dépourvue de toit.
 Un réseau de planches s'enroule comme un nid dans et hors l'édifice et recrée une nouvelle toiture.


Ses voyages pour aller travailler dans les grandes villes internationales font partie de la démarche de l’artiste qui se compare volontiers à un oiseau migrateur. Chaque projet naît du lieu (travail in situ), de l’imprégnation spécifique de son atmosphère (visites, recherches, discussions). Il découvre le site et son environnement par la marche et étudie le rapport des habitants au site, leurs parcours et déplacements.
L’idée qui émerge est en lien présent-passé (vécu, patrimoine, histoire, religion, logement…) et en fonction de l’architecture du lieu (écho, contraste). Kawamata crée une nouvelle architecture qui repose sur les oppositions intérieur/extérieur, ordre/désordre, pérenne/fragile, culture/nature. Sculpteur, il choisit un élément qui devient le module d’une construction, parfois de grandes dimensions et souvent en hauteur (passages surélevés), dialoguant d’une manière étonnante avec le lieu investi, créant de nouveaux liens et points de vue (excroissances, passerelles, labyrinthes, cabanes, observatoires), perturbant l’ordre établi et questionnant notre environnement, la ville, le tissu urbain et social. 

L'artiste a été marqué par l’impermanence de la vie ("Tout est fugace. Nous sommes fragiles, de passage"), les catastrophes naturelles  et l'impermanence de la ville de Tokyo, en perpétuel chantier. Etudiant, il a pu observer notamment, depuis son appartement, à la démolition puis la reconstruction de l'immeuble d'en-face, dans l'indifférence totale du voisinage : "J'avais assisté de ma fenêtre à une opération de métabolisme urbain, une digestion/régurgitation de matériaux qui semblait lié au cycle vital de la ville".

Kawamata appelle notre réflexion sur l’urbanisme, la mémoire de la ville, ses évolutions et ses contrastes étonnants (construction/démolition, pleins/interstices, luxe/pauvreté), ses zones intermédiaires, ses constructions temporaires (chantiers, cloisons, échafaudages, palissades, passerelles et couloirs provisoires), ses abris éphémères (cabanes de chantier, abris d'autobus provisoires, boutiques des marchés ; abris des S.D.F., Field Works, dès 1989, Favelas, dès 1991), et sur le provisoire qui dure comme sur l’éphémère dans la fixité urbaine. 

Son travail relève de l'improvisation et d'une suite continuelle de variations sur le même thème : "Mon projet n'est jamais achevé, il se prolonge indéfiniment. C'est de l'action pure. Chaque projet est une expérience nouvelle".



Dès les années 1980, l'artiste entame ses séries de cabanes parasites (souvent détruites très rapidement), faites de matériaux de récupération et semblables à des abris de SDF ; ces cabanes sont, soit isolées (Field Works),  soit regroupées en villages (Favelas).


 
KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Field Work in Chicago, 1990.

KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Field Work in Graz (Autriche), 2005.


KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Favela in Houston, 1991.
"L'idée vient de São Paulo et de Rio de Janeiro. J'étais en résidence (à São Paulo), juste à côté des favelas ; la police est arrivée et a tout détruit. Une semaine après, ils avaient commencé à reconstruire. J'ai trouvé dans cette situation nomadique, ce cycle temporel, une grande influence sur l'idée de construire et de détruire tout en recyclant les matériaux".



 KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Favela group, 1992, 
installation, contreplaqué, balsa, tôle ondulée, carton,
Zürich, Serge Ziegler Galerie.
Exposées en galerie et non plus dans les interstices des villes, les cabanes apparaissent
 comme des objets sculpturaux placés à l'intérieur, sur les murs.




Ses cabanes en bois de charpente à l’extérieur et en carton à l’intérieur (poutres de bois, châssis de fenêtre et toit souvent en tôle ondulée), improvisées en fonction des matériaux disponibles, s’installent pour leur part, dès 1990, tout aussi bien dans les arbres (comme des nids, Tree Huts), pylones ou colonnes, ou des façades de monuments (Centre Pompidou, Carton Workshop, 2010) que sur des barques (constructions flottantes). "Pour moi, ces cabanes ne sont pas destinées à être habitées. Pour moi, ça n'a rien de fonctionnel, c'est métaphorique".
Cependant, dans son workshop (atelier), Lodging London/Tokyo, réalisé en novembre 2000 à Londres avec les étudiants de l'Ecole d'Architecture (AA School) et en janvier 2001 à Tokyo avec ceux de l'Université (University of Music and Fine Art), les étudiants sont amenés à concevoir des abris temporaires dans l'espace urbain public, grâce à des matériaux trouvés à proximité, et à y dormir une nuit.



KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Tree Huts in New-York, 2008.
La cabane n'a pas qu'un rôle critique et politique : elle a également un rôle poétique.


Ses passerelles, ses pontons et ses belvédères permettent au spectateur des expériences sensorielles : marcher, toucher, regarder mais également se souvenir : "la mémoire est souvent plus forte que a simple vision des choses qu'on a sous les yeux. J'ai énormément de retour de la part des gens qui en gardent un souvenir longtemps après. C'est ça la puissance de la mémoire, la puissance de l'oeuvre d'art". 
Le parcours (par la marche et plus rarement en bus ou en bateau) d'un point à un autre entraîne en effet le jeu de la mémoire et le lien entre le passé et le présent de la ville. Le trajet entre les bâtiments ou les sites de natures différentes est de plus ponctué de pauses (abribus précaires, chaises, points de vue) et est axé par un but (autre installation, observatoire).
"J'aime l'entre-deux et le mouvement d'un pôle à l'autre. Notamment la mobilité géographique, entre le temps et l'espace, dans différentes structures sociales".
Les circulations et le temps du déplacement constituent les fondements de son travail qui contribue à modifier la perception et l'expérience des sites ; le but est d'établir des connexions entre les gens et l'endroit où ils vivent, de leur permettre une nouvelle façon d'évoluer dans l'espace mais aussi de voir les choses autrement : les projets de Saché en 1994 (Transfert), de la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière en 1997 (Le Passage des chaises), de Metz en 1998, d'Évreux en 2000 (Sur la voie), de Tokyo en 2008 (Walkway), de Nantes en 2009 (Observatoire), parmi d’autres, manifestent le refus de l’artiste d’envisager séparément l’espace et la personne qui le parcourt.  Le trajet et ses expériences constituent l'oeuvre elle-même.


KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Les Chaises de Traverse, Metz-Delme, juin-octobre 1998.
 Installation in situ, Hôtel Saint-Livier de Metz (XII° s., FRAC Lorraine) et Synagogue de Delme (XIX° s., détruite et reconstruite, Centre d'Art Contemporain), deux bâtiments distants de 35 kms. 
A l'Hôtel de Saint-Livier, l'installation consiste en une muraille de chaises doublant les murs et chevauchant l'enceinte. A la Synagogue, des chaises renversées sont suspendues entre sol et plafond (entre hommes et femmes, dans un effet miroir).
"Peu à peu a mûri l'idée d'une double installation, à Metz et à Delme, reliée par la chaîne des abribus (précaires). Les chaises en seraient l'élément de base. La chaise est à la fois un microcosme et un macrocosme. Un microcosme parce que chacune a son histoire individuelle et porte les cicatrices de sa vie ... Quatre mille chaises assemblées, c'est déjà un macrocosme. Liées étroitement entre elles par des bracelets de plastique, elles acquièrent la stabilité d'une architecture durable et d'un organisme vivant fait de cellules".


KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Sur la voie, Evreux, 2000.
Une passerelle de 400 m, réalisée en bois et métal surélevée H: 5 m), faites de niveaux et de ponts successifs, enjambe le temps, offrant un nouveau parcours et point de vue sur la place et la ville aux monuments principaux, d'époques différentes, marqués par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale.
"Ainsi, d'un bâtiment à l'autre, connectés par une ligne, les visitant un par un, les gens effectuent un pèlerinage. Chemin faisant, ils retracent mentalement le passé et le présent de la ville".



VOIR UNE PRÉSENTATION DU FILM D’ÉRIC BEAUFILS ET GILLES COUDERT SUR KAWAMATA : EXTRAIT (3 MN) PRÉSENTANT DEUX PROJETS FRANÇAIS :
 SUR LA VOIE, EVREUX, 2000 ET PASSERELLE, PARIS, 2009
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KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Le Passage des chaises II, Reims, 2007.



KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Gandamaison, Versailles, 2008.


Dans chaque projet, Tadashi Kawamata  absorbe des influences grâce à un travail en équipe (aide physique) et en interaction (idées) avec ses assistants qui peuvent être des étudiants d’Ecoles d’Art (Beaux-Arts, Architecture et Paysage), des charpentiers, des ingénieurs, des lycéens, des associatifs, des publics en difficulté (prisonniers, toxicomanes), des passants ou même des enfants. Sa démarche individuelle et solitaire devient ainsi sociable et en partie collective (art participatif, collaboratif).
"Je travaille avec de nombreuses personnes à cause de l'échelle importante des projets et je m'intéresse toujours à la manière d'agir de ces gens qui m'aident. Leurs idées permettent parfois de définir la structure même du projet (...) Durant le temps de travail, nous produisons, travaillons, mangeons ensemble. Nous échangeons beaucoup".
L'artiste adopte deux types de démarches, selon qu'il s'agit d'un workshop (atelier) ou d'un projet personnel : "Dans un workshop, c'est le processus qui prime (...). C'est un projet artistique qui propose une démarche différente de création (...) Pour mes propres projets, je me comporte plus en chef d'orchestre alors que pendant un workshop, je suis un simple membre du groupe parmi les étudiants. Nous décidons tous ensemble (...) Pour un projet personnel, j'arrive avec mon propre concept, une idée de construction qu'il s'agit de faire partager".


VOIR LA VIDÉO (6 MN) DE L'INTERVIEW THIERS DE TADASHI KAWAMATA  À PROPOS DU PROJET "DÉTOURS DES TOURS", THIERS/MONTÉLIMAR, EN 2005


VOIR LE DOSSIER PÉDAGOGIQUE (PDF) DU CENTRE D'ART DU CREUX DE L'ENFER À THIERS


VOIR LA VIDÉO (3 MN) : RETOUR SUR LE WORKSHOP (ATELIER) DE TADASHI KAWAMATA AVEC DES ETUDIANTS - PROJET DE SALIN-DE-GIRAUD (CAMARGUE) 23 MAI - 1 JUIN 2011 




 Cela devient une caractéristique de sa démarche que ce travail en train de se faire (évènement, procédure, déroulement), de s’adapter, de se modifier. Une intervention ne commence pas le jour de l’inauguration pour se terminer par le cocktail de clôture : les phases de projet (réflexion au travers de maquettes et de croquis), de construction comme celles du démontage et du recyclage des matériaux sont aussi importantes. "La construction et la destruction sont comme un cercle, comme un temps circulaire. Si vous utilisez quelque chose, vous détruisez autre chose. Et quand je commence un chantier, j'ai déjà intégré le principe de la destruction. Je prends et je restitue (...) Mon travail suit un cycle à l'image des végétaux. C'est un processus biologique, organique, de l'ordre du métabolisme. Il est plus biologique qu'écologique car le temporaire est le reflet de la vie".

Tous les projets sont d’ailleurs filmés par Gilles Coudert (depuis 20 ans) pour garder trace et mémoire de l’avancement  du  projet (work in progress) mais aussi des réalisations par nature éphémères, comme des équipes constituées, éphémères elles aussi. Gilles Coudert, enseignant en Ecole d'Art, explique que le film "mémorise l'oeuvre et son processus et transmet, de par sa syntaxe chaque fois spécifique, la dynamique d'un projet artistique et de son mode opératoire". 
Les maquettes (le plus souvent en balsa ou contreplaqué mais aussi métal, peinture acrylique…), les dessins et les photographies témoignent également des réalisations disparues  et des projets non réalisés (environ la moitié, du fait d'une résistance à ses interventions). Dans certains de ses projets, Kawamata intègre, à l'intérieur des bâtiments, des "Cabinets de mémoire" qui montrent les maquettes, films, plans et dessins du projet concerné mais également de projets anciens.



KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Projet (non réalisé) de Passerelle, Cité de l'Immigration (maquette), Paris, 2009,
rampe d'accès handicapés, couverte.

KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Tree Huts in New-York (dessins sur photos), 2008.



« Pour moi, il n’y a pas d’art solitaire ou narcissique. Je travaille avec les gens et pour les gens. Mon travail étant devenu quasiment planétaire, je voyage d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. Je suis moi-même devenu un errant, un marginal, un drifter, un outsider par rapport à la société établie (…). Pour moi la fin de l’art n’est pas de fabriquer des objets à exposer, mais d’établir une relation entre les hommes et les femmes au cours d’un travail qui se construit en commun, jour après jour ». Tadashi Kawamata


VOIR LE SITE DE L’ARTISTE :

VOIR D'AUTRES EXTRAITS DE FILMS SUR L'ARTISTE :




KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Tree Huts (Carton Workshop), Centre Pompidou, Paris, 2010.

KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Under The Water, Paris, Galerie Kamel Mennour, 2011,
(en référence au tsunami de 2004).


KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Collective Folie, Paris, Parc de la Villette, 2013 (avril-août).
Une tour éphémère est construite par les habitants de cet arrondissement de Paris en pleine restructuration. La construction, jamais achevée, évolue continuellement avant de disparaître. La tour devient un terrain de jeu et un belvédère pour les visiteurs.

VOIR LA VIDÉO (4 MN) DE L'INTERVIEW DE KAWAMATA SUR LE SITE DE COLLECTIVE FOLIE, 2013



KAWAMATA Tadashi (né en 1953), Horizons, Parc du Pont de Rousty (Camargue), 2013.
Structure pérenne dans le cadre du Projet "Les Sentiers de l'eau".

VOIR LA VIDÉO (18 MN) DE JÉRÔME SADLER (PROFESSEUR D'ARTS PLASTIQUES DU 06)
 SUR UNE INTERVENTION DE TADASHI KAWAMATA EN CAMARGUE
HORIZONS, LES SENTIERS DE L'EAU, 2013



A propos de KAWAMATA…


Les espaces d’intervention de Kawamata se sont révélés variés :

-un bâtiment (public ou privé) : dans, autour, sur.
-plusieurs bâtiments et l’espace urbain : rues, places.
-les espaces naturels de la ville : terrains vagues, bord de mer ou de rivière, arbres des parcs et jardins,
-le paysage naturel (campagne).


La place du spectateur dans les œuvres de Kawamata est :

-à l’extérieur de l’œuvre (cabanes dans les arbres ou sur des bâtiments, échafaudages, palissades ; constructions précaires) ; l’œuvre attire le regard et révèle le lieu.
-à l’intérieur de l’œuvre (pièces, dômes, couloirs, habitations flottantes) ; l’œuvre dialogue avec le lieu.
-sur l’œuvre (passerelles, tours ; constructions solides) ; l’œuvre s’efface au profit du lieu et est le vecteur de l'expérience vécue.


Nous avons pu noter, en étudiant l’œuvre de Kawamata, les notions suivantes :

-le refus de l'oeuvre aboutie enfermée dans le musée pour une expérience en milieu urbain, en lien avec la réalité, mêlant tout à la fois le travail d'atelier (privé) et d'exposition (publique),
-la découverte sensible et intellectuelle de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage,
-le travail in situ (espace public et privé) déduit du lieu (liens passé/présent, intérieur/extérieur, ordre/désordre, pérenne/éphémère-fragile-équilibre-mobile, culture/nature, construction/déconstruction, pauvreté/prestige…),
-le projet (croquis, maquettes, réflexion en équipe, montage, démontage),
-la répétition d’un module, d’un objet (planche, chaise…) et son détournement,
-l’utilisation de matériaux pauvres (bois, carton…) et de recyclage (écologique),
-la construction, la structure, l’équilibre, la suspension, la greffe,
-l’intérêt pour les habitats précaires (cabanes, favelas, habitations flottantes…),
-la réalisation collective (réalisation évolutive, équipe éphémère),
-la participation du spectateur (parcours, temps, expérience sensorielle, mémoire, rencontres),
-les installations éphémères (traces photos et vidéos, mémoire humaine),
-l’intérêt aux contextes sociaux, aux relations humaines.


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