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dimanche 8 mai 2016

493-UNE OEUVRE EN DÉTAIL : PARRI DI SPINELLO, "MADONNA DELLA MISERICORDIA", AREZZO, 1435-1437





Coup de cœur pendant ces vacances de Pâques, au Musée national d'Art médiéval et moderne de la ville d'Arezzo (à 80 kms au sud-est de Florence), pour une oeuvre et un artiste italiens peu connus en France.




Parri di Spinello (Arezzo 1387 - Arezzo 1453) est un peintre de la première moitié du XV° siècle, fortement marqué par le Gothique international. 
Élève et assistant de son père Spinello Aretino (1350-1410) puis de Lorenzo Ghiberti (1378-1455) à Florence, il revient ensuite vivre, travailler puis mourir dans sa ville natale d'Arezzo.

Le retable de Notre-Dame de la Miséricorde à l'Enfant est une commande de la Fraternité séculière d'Arezzo à destination de l'autel de l'église SS Lorentinus et Pergentinus ; il a été peint a tempera sur bois par Parri di Spinello entre 1435 et 1437. 
Les deux saints, martyrs chrétiens (en 250), accostent et vénèrent la Vierge à l'Enfant qui protège la population agenouillée (dont rois et religieux) de son grand manteau.


- PARRI DI SPINELLO (1387-1453), Madonna della Misericordia, 1435-1437,
dipinto su tavola, 199x174 cm,
Arezzo, chiesa dei Santi Lorentino e Pergentino,
Arezzo, Museo Nazionale d'Arte Medievale e Moderna.


Le grand format (199x174 cm) abrite, dans son extrémité supérieure en triangle, la Vierge tenant l'Enfant Jésus (jouant avec un oiseau d'argile à qui il a donné vie), accostée de deux anges tenant des fleurs (splendeur de la rose sans épine et blancheur immaculée du lys renvoyant à l'Incarnation) et ouvrant le grand manteau de Marie pour protéger la population en prière, répartie entre hommes et femmes.













Sur les côtés, deux anges à l'encensoir volettent et accueillent les deux saints martyrs. 







Tout en bas, la prédelle offre les quatre scènes successives de l'Arrestation, l'Emprisonnement, le Martyre et la Mise au tombeau (selon un schéma christique) de Lorentinus et Pergentinus.














Cette oeuvre du second quart du XV° siècle est encore dominée par le gothique : fond doré, perspective hiérarchique (avec la taille prédominante de la Vierge et deux deux martyrs), style linéaire, visages boudeurs, auréoles de face. 

La séduction vient de la force de la couleur, avec cet accord dominant des rouges (vêtements, ailes, chairs) et des ors (fond), équilibré et exalté par des verts désaturés (vêtements, végétaux) et des noirs profonds (manteau de la Vierge, tissu enveloppant les jambes du Christ, extrémité des ailes des anges, habit des saints martyrs). Il y a également ce traitement naturaliste et décoratif des grands vêtements de la Vierge (au décor de motifs colorés et au plissé réaliste et détaillé) mais également des fleurs (tenues par les anges et jonchant le sol auprès des pieds de la Vierge), des ailes des anges et de la tête de l'oiseau.

Au service du mystique, l'ensemble de l'image principale concourt à cet effet de splendeur rayonnante et paisible, à un message réconfortant de beauté, d'amour, d'indulgence et d'accueil, la Vierge à l'Enfant et les deux martyrs (saints patrons de la ville) veillant sur la population.